Histoire

Notre histoire a commencé en 1973 avec la publication de la circulaire n°720 du 26 juin 1973 relative à la création dans chaque CHU d’un centre de formation des personnels participant aux secours médicaux d’urgence et de formation des ambulanciers dite « circulaire Mamelet » du nom de la responsable du ministère de la santé qui en était signataire.

Cette circulaire faisait elle-même suite à la publication du décret du 27 mars 1973 et de l’arrêté du 26 avril 1973 relatifs à la création du certificat de capacité d’ambulancier.

Elle soulignait qu’il convenait « très rapidement de mettre en place le dispositif nécessaire à la formation des ambulanciers », mais aussi que « parmi les actions inscrites au programme finalisé de sécurité routière, figure la création de centres d’instruction destinés à l’ensemble des personnels qui participent à l’organisation des secours médicaux d’urgence » et précisait : « Il est apparu, en effet, que les besoins qui se manifestent dans le domaine de la réanimation d’urgence et des techniques concernant la protection, la manipulation et le transport des malades et des blessés imposent un effort particulier d’enseignement tant des ambulanciers que des étudiants en médecine et des personnes préparant un diplôme réglementé aux titres II et suivants du code de la santé publique, ou exerçant l’une des professions correspondantes. De même, des personnes étrangères aux professions de santé, mais qui participent d’une manière habituelle à l’organisation des secours médicaux d’urgence (membres de la police, militaires de la gendarmerie, sapeurs-pompiers) ou qui ont, à titre temporaire ou permanent, des responsabilités officielles dans certaines collectivités (membres du corps enseignant, moniteurs de colonies de vacances) peuvent retirer un bénéfice important de cet enseignement.».

La circulaire précisait ensuite les moyens en locaux et en personnel et les règles de fonctionnement pédagogique, administratif et financier de ces nouveaux centres qui devaient être « dirigés sur le plan pédagogique par un anesthésiste réanimateur, le même, de préférence, qui a sous son autorité le service d’aide médicale urgente, ou le service mobile d’urgence, ou un adjoint de ce médecin. ».

C’est lors d’une table ronde animée par René Coirier, responsable du bureau des secours d’urgence au ministère de la santé et Louis Serre, fondateur du SAMU de Montpellier, au 2ème congres mondial de réanimation à Paris en 1977 qu’a été adoptée, sur la proposition de Bernard Némitz, l’appellation « Centre d’Enseignement des Soins d’Urgence (CESU) » pour ces centres de formation des SAMU.

En juin 1990, lors du 11ème colloque national des CESU à Amiens, la volonté de fédérer l’ensemble des centres pour définir et promouvoir des actions pédagogiques communes s’est affirmée : l’Association Nationale des CESU (ANCESU) a été créée et son premier bureau élu (Président : Bernard Némitz, Secrétaire générale : Christine Ammirati, Trésorier : Michel Décreau)

Dès sa création l’association s’est donné comme principaux objectifs de faire coïncider les objectifs pédagogiques de formation avec les compétences requises pour faire face à une situation d’urgence pour chaque corps professionnel et de promouvoir les échanges et la recherche en pédagogie.

Dès lors plusieurs étapes émailleront l’histoire des CESU et de l’ANCESU.

Des séminaires qui ont abouti à des textes réglementaires

Le premier séminaire de l’ANCESU a été consacré à la déclinaison d’une formation initiale des infirmières aux soins d’urgence ainsi qu’à l’élaboration des pistes de réflexion sur une formation continue des infirmières dans un SMUR ou un service d’urgence. Une partie de ces travaux a été reprise, dans le décret de formation des infirmières publié en 1993.

Lors du colloque des CESU de 1992 à Montpellier, deux motions ont été proposées par l’ANCESU et votées à l’unanimité.

  • La première préconisait l’obligation de l’enseignement des gestes et des conduites pratiques face aux situations d’urgence aux étudiants en médecine.
  • La seconde concernait le secourisme et la place que devaient occuper les CESU au niveau national dans son organisation.

Le premier point, défendu au niveau ministériel par le président de l’ANCESU et un certain nombre d’universitaires convaincus, a trouvé une concrétisation dans les textes successifs rendant obligatoire l’enseignement des gestes et techniques d’urgence en PCEM1 validé, en DCEM1 dans le cadre de la sémiologie, puis dans le cadre du module 11 (Urgences et thérapeutique) et enfin dans le cadre du troisième cycle de médecine générale.

Le second point acté par le représentant du ministère de l’intérieur au colloque de Montpellier, M. Fidaly, a conduit ce dernier à proposer la présence de représentants de l’ANCESU et des SAMU au niveau de la commission nationale du secourisme (devenue depuis l’observatoire national du secourisme).

Lors du colloque de Rennes en 1995, l’ANCESU proposa la validation d’un travail de séminaire portant sur une formation d’adaptation à l’emploi (FAE) pour les ambulanciers SMUR. Ses conclusions ont fait, là encore, l’objet d’un texte réglementaire reprenant in extenso les propositions de l’ANCESU.

Des propositions de formation des permanenciers ont été approuvées par les SAMU après avoir été travaillées avec la profession. Ces propositions seront en partie reprises au niveau national à propos d’une FAE pour PARM, bien que l’ANCESU, cette fois-ci n’ait pas été conviée aux discussions et défendait l’idée d’une formation initiale et continue.

Enfin , le dernier séminaire consacré à la refonte du CCA a servi de base de réflexion pour les textes réglementaires finalisés par la direction générale de la santé.

Un travail soutenu avec l’éducation nationale

Les CESU doivent être des conseillers techniques pour la formation des enseignants aux gestes d’urgence mais ce sont les enseignants eux-mêmes qui doivent former les élèves parce que « porter secours » doit s’apprendre comme la grammaire ou l’orthographe : tels sont les principes simples qui ont guidé la démarche de l’ANCESU depuis le début des années 90.

Jusqu’en 1995, les actions de formations dans les écoles, par les CESU ou toute autre association, était gratifiante mais sans lendemain : un enfant apprend vite mais sans véritable construction d’un savoir, les efforts sont vains à moyen terme.

Un travail réalisé par Catherine Ferracci dans une classe de CE2 en 1994, un module d’apprentissage des enseignants en 3 à 6 heures créé par Christine Ammirati et l’équipe du CESU 80 reprenant les principes de pédagogie de découverte, un court voyage en Norvège en 1995, une expérimentation dans le département de la Somme en 1997 pour tester la validité de l’enseignement aux enfants par les enseignants non spécialistes (formés à l’aide du module amiénois), deux séminaires à Amiens avec le ministère de l’éducation nationale ont conduit à une première circulaire publiée au bulletin officiel de l’éducation nationale de juillet 1997 qui rendait obligatoire cette formation dans les écoles.

Ce texte a été complété en décembre 2003 par un numéro spécial du Ministère de l’Education nationale consacré à l’éducation à la santé et qui place l’enseignement obligatoire des gestes d’urgence parmi les cinq thèmes prioritaires de cette éducation.

Une convention a été signée, grâce à l’engagement des conseillères techniques du ministère de l’éducation nationale, entre ce ministère et le ministère de la santé, le module d’enseignement de l’ANCESU a été validé et les CESU ont officiellement trouvé leur place de conseillers techniques des responsables de l’éducation nationale.

Un comité de pilotage national éducation nationale/intérieur/santé, dans lequel l’ANCESU est représentée, a été mis en place le 12 décembre 2006 par Gilles de Robien, Ministre de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche.

Des formations de masse

Un autre dossier important de formation de masse pour une population ciblée a été mené par Catherine Bertrand au titre de l’ANCESU et de l’université avec Air France.

Là encore, une formation de formateurs a été encadrée par l’ANCESU ainsi que l’enseignement de la RCP avec DSA aux 14 000 personnels navigants commerciaux (PNC) d’Air France. Grâce à cela un certain nombre de RCP et de défibrillations ont été, à ce jour, couronnées de succès en environnement aéronautique.

Des formations adaptées au contexte professionnel

Le rôle des CESU est de former aux gestes et soins d’urgence toute personne qui, dans le cadre de sa vie professionnelle, peut être confrontée à une situation médicale d’urgence. L’enseignement qui est dispensé va des gestes élémentaires aux conduites médicales en spécialité de médecine d’urgence. Les liens avec l’université sont soutenus.

Ainsi, personnels hospitaliers de toutes catégories professionnelles, chirurgiens-dentistes, pharmaciens, étudiants en médecine, étudiants en DES d’anesthésie-réanimation, en capacité d’aide médicale urgente (CAMU) puis de médecine d’urgence (CMU), en DESC de médecine d’urgence, médecins généralistes correspondants de SAMU, médecins régulateurs libéraux, médecins spécialistes, médecins et infirmiers scolaires, du travail, de PMI, personnel de crèche, de maison de retraite, ambulanciers, enseignants, encadrants sportifs, pisteurs secouristes, secouristes volontaires ou professionnels, moniteurs ou instructeurs des premiers secours…se succèdent dans les locaux des CESU.

La liste de ces personnels n’est pas exhaustive. Elle ne comprend pas par exemple tous les personnels ayant suivi la formation urgences minimum (FOURMI) élaborée par Suzanne Tartière (service de sécurité de l’assemblée nationale, reporters…), la formation d’IOA, de logisticiens….

Ces enseignements portent sur les gestes et soins d’urgence en situation quotidienne mais aussi en situation d’exception (formation à Créteil, Amiens et Toulouse des soignants en soins en situation de catastrophe pour les infirmiers, formations nationales aux risques NRBC…).

Chaque action de formation implique une réflexion sur les compétences visées pour déterminer des objectifs pertinents et un programme adapté, démarche fondamentale pour que la formation soit réellement adaptée au public visé. Cette faculté d’adaptation par des professionnels de la formation également professionnelle des soins d’urgence au quotidien est un des atouts des CESU.

A chaque colloque national des CESU, les communications et les affiches, chaque fois plus nombreuses, témoignent de la qualité des travaux effectués.

Une formation en pédagogie indispensable pour les formateurs

Au-delà de l’enseignement de base en pédagogie des gestes de secours telle que proposée lors du monitorat ou de l’instructorat de secourisme, une formation continue en pédagogie des sciences de la santé permet d’assurer une réelle qualité de formation.

Des séminaires d’évaluation, de stratégie d’enseignement, de pédagogie du geste sont proposés chaque année par l’ANCESU en lien avec le département des sciences de la santé de l’Université Paris XIII (R. Gagnayre). De nombreux formateurs de CESU y ont participé et suivent des formations universitaires en sciences de l’éducation.

Des travaux de recherche en pédagogie de la santé

Les travaux de recherche en pédagogie de la santé sont moins cités que les travaux de recherche clinique : moins nombreux, moins publiés donc moins connus.

Certaines équipes de CESU mettent cependant au point des techniques pédagogiques portant essentiellement sur l’apprentissage des conduites pratiques et sur la gestuelle en situation d’urgence ou d’exception. Ces travaux font l’objet de communications et de publications dans les manifestations scientifiques nationales ou internationales et dans les revues de sciences de l’éducation.

Une reconnaissance officielle et un statut enfin défini

En 1995, après un séminaire organisé avec la DGS, un premier texte a été proposé pour la rédaction d’un arrêté. Une recomposition de l’organigramme ministériel, des dossiers plus urgents (dont les décrets indispensables des SMUR de 1997), une évolution de nos pratiques a conduit à une réécriture de ce texte après un atelier au colloque d’Autrans en 2001.

Mais c’est finalement la création de l’attestation de formation aux gestes et soins d’urgence par arrêté du 3 mars 2006 qui a permis que pour la première fois les CESU apparaissent dans un texte officiel. En effet l’article 3 de cet arrêté précise que « cette attestation est délivrée, à l’issue d’une formation dispensée par les structures de formation des professionnels de santé, sous la responsabilité du médecin directeur scientifique et pédagogique d’un centre d’enseignement des soins d’urgence (CESU) en lien avec le centre d’enseignement des soins d’urgence du SAMU zonal pour la formation spécialisée aux risques NRBC. ».

Dès lors cette citation rendait obligatoire la publication d’un texte précisant la situation administrative des CESU ce qui fut fait avec le décret n°2007-441 du 25 mars 2007 relatif à la composition, au fonctionnement et aux missions des centres d’enseignement des soins d’urgence complété par l’arrêté du 29 mars 2007 relatif à la Commission nationale des formations aux soins d’urgence et à la gestion des crises sanitaires aux personnels enseignants des centres d’enseignement des soins d’urgence (CESU) et par l’arrêté du 24 novembre 2007 portant nomination des membres de cette commission.

Aujourd’hui : des CESU sur l’ensemble du territoire français et… ailleurs

Hier les CESU étaient uniquement dans les CHU. Aujourd’hui, ils existent dans 90 hôpitaux sièges de SAMU. De plus des « CESU » sont nés à l’étranger : Tunisie, Vietnam …

À l’image des SAMU, les CESU ont considérablement évolué en près de 40 ans. L’alternance constante des enseignants des CESU entre la pratique professionnelle au SAMU/SMUR/Urgences et l’enseignement fait toute la richesse de ces centres : la pratique de l’urgence au quotidien permet un enseignement en lien avec la réalité « de terrain » et l’enseignement facilite les remises en cause des modalités de prise en charge médicale.

A l’heure du MIGAC, de la T2A et de la production de soins, les CESU doivent réaffirmer régulièrement la place indispensable de la formation dans une véritable démarche qualité pour l’évaluation des pratiques professionnelles. C’est là l’une des missions que l’ANCESU s’efforce de remplir avec le maximum de conviction et d’efficacité.